mardi 3 août 2010

Note de lecture : Petit enfant de la rue survivra


Dans son dernier roman, Evelyne Mpoudi Ngollé appelle à la responsabilité des parents.



Le sujet n’est pas nouveau, loin s’en faut. D’autres auteurs camerounais l’ont raconté sous toutes les coutures. Pabe Mongo dans « L’homme de la rue » (Hatier, 1987), Guillaume Nana avec « Le cri muet » (Clé, 2010), pour ne citer que ceux-là. Dans « Petit Jo, enfant des rues » (Hatier international/Edicef, 2009). Evelyne Mpoudi Ngollé apporte une sensibilité toute féminine dans la description de la difficile existence dans la rue. Sa narration bouleversante oblige le lecteur à ne plus regarder sans les voir, ces pauvres hères qui ont échoué à la marge de la société.

Son roman raconte l’histoire d’un enfant, comme il y en a tant dans nos rues, Petit Jo. On peut le voir sur le dessin de la première de couverture : cheveux frisés, traits tirés, air hagard. Car sa vie n’est qu’une longue suite de malheurs : Bébé, il est abandonné à l’entrée d’un hôpital. A sept ans, son père adoptif décède. Plus tard, il ne peut passer le concours d’entrée en classe de 6ème pour défaut d’acte de naissance. A 12 ans, il se retrouve dans la rue.

Rongé par la maladie, il va faire une rencontre qui va changer le cours de sa vie. Man est un adolescent qui, après une fugue, s’est retrouvé dans la rue où il vit de rapine. Torturé par le remord, il décide de s’occuper de Petit Jo et le sauve d’une mort certaine. Lorsque Man est emprisonné, il part pour Ndoungué où il espère retrouver la tante de son père adoptif, sa seule famille. Celle-ci est décédée mais lui a laissé un bien précieux : une maison, un acte de naissance et une photo où il voit enfin ses parents : son père Blanc et sa mère Noire.

Dans « Petit Jo, enfant des rues », Evelyne Mpoudi Ngollé appelle à la responsabilité des parents. Ils sont responsables du sort de leurs enfants, peut-on lire entre les lignes. Si Petit Jo se retrouve à la rue, c’est bien parce qu’il a été abandonné par ses parents ; si le père de Man avait été plus présent et sa mère moins laxiste… Des « si » qui ont pour but d’inciter les parents à mieux s’occuper de leur progéniture.

L’ouvrage qui coûte 2500Fcfa vient d’entrer au programme des classes de 3ème. Il est organisé en 13 chapitres accompagnés d’un questionnement destiné à aider l’élève dans la compréhension du texte. En annexe, l’on retrouve des extraits des œuvres qui portent sur les thématiques abordées ici : « Les misérables » de Victor Hugo ou encore « L’enfant de la rue » de Philippe Makita. De même que la Déclaration des droits de l’enfant des Nations-Unies.

Evelyne Mpoudi Ngollé, 57 ans, est, depuis 2001, inspecteur général de pédagogie chargé des lettres, des arts et des langues au ministère des Enseignements secondaires. Elle est l’auteure d’un précédent roman qui, lui aussi, a figuré au programme scolaire : « Sous la cendre, le feu », paru en 1990 aux éditions L’Harmattan en France.

Stéphanie Dongmo

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