jeudi 23 décembre 2010

le livre du jour : Vive Barack Obama!


Marcelline Ngono Bene a publié un receuil de poèmes lyriques en hommage au président des Etats-Unis.

Deux ans après l'élection de Barack Hussein Obama à la présidence des Etats-Unis d'Amérique, Marcelline Sybille Ngono Bene, plus connu sous le nom de Marcelline Nnomo Zanga, publie un livre pour le célébrer. “Odes et chansons africaines en hommage à Barack Obama” vient de paraître aux éditions Clé à Yaoundé.

“Aaa kangalio! Kangali! ”. C'est par ce refrain que commencent les 12 poèmes lyrique de ce recueil. “Ce siècle enfant avait huit ans lorsque Barack Obama, fils de Barack l'Africain et de Anna l'Américaine, a été élu”, chante l'auteure. Et de poursuivre, enthousiaste: “Il venait de pulvériser tous les records en transformant en réalité le rêve humaniste”. Dans sa grande admiration, elle se laisse aller à un verbe emphatique, laudateur, à la limite de la vénération, et scande son nom avec différentes déclinaisons: obamanisme, obamaphile, obamania, obamanitude. Ellle ne tarit pas non plus de superlatifs pour le désigner : envoyé des dieux, homme-providence, messie des temps modernes... Pour elle, cet homme qui n'est ni blanc, ni noir, ni jaune, ni rouge est venu “refonder l'homme avec le monde, confronter les Nations et les peuples avec leurs droits et devoirs et proclamer un nouvel humanisme”.

Un beau projet qui mériterait d'être évalué aujourd'hui. En 2008, l'élection d'Obama a ému le monde entier. Son audace, sa jeunesse (49 ans), son aisance et ses méthodes ont redonné espoir jusqu'aux confins de la terre; et nombre d'Africains se sont immédiatement reconnus dans ce fils de Kényan. Dans leurs coeur, il est devenu le père, le frère et le fils. Mais depuis, la cote de popularité du Prix Nobel de la paix 2009 a baissé et le capital de simpathie qu'il avait engrangé s'est détérioré. Les élections de mi-mandat aux Etats-unis, où les démocrates ont conservé la majorité au Sénat de justesse, le prouve. Par ailleurs, certaines de ses promesses sont devenues des courses d'obstacles, à l'exemple de la fermeture de la prison de Guantanamo. Dans ce contexte, il est légitime de se demander si cet ouvrage n'arrive pas deux ans trop tard.

Dans la préface qu'il signe, Jean-Emmanuel Pondi, auteur de “Barack Obama. De l'interrogation à l'admiration” (2008, Clé), écrit : “A mon humble avis, ce qu'il convient de retenir de ce magnifique recueil, c'est, par delà l'intention poétique et l'hommage rendu à un homme pour sa grande et prestigieuse stature, l'élan créateur d'une femme profondément soucieuse d'extérioser ses émotions face au long et dur combat de l'humanité, pour exorciser les démons de l'histoire et conquérir en fin de compte l'absolu”.

Marcelline Sibylle Ngono Bene est inspecteur général des Affaires académiques au ministère de l'Enseignement supérieur. Son recueil, il convient de le lire à voix haute, avec un accompagnement musical de préférence, pour saisir toute la beauté des poèmes et se laisser pénétrer par leur profondeur.

Stéphanie Dongmo


Marcelline Sibylle Ngono Bene

Odes et chansons africaines en hommage à Barack Obama

Editions Clé, Yaoundé

96 pages

Musique : Les fêtes de fin d'année en chanson

Papa Wemba, Wes Madiko, K-Tino et plusieurs autres artistes sont annoncés en concert à Douala et à Yaoundé.

Il suffit de regarder la télévision ces temps-ci pour les voir débarquer, les musiciens étrangers et autres artistes camerounais de la diaspora qui viennent donner des concerts en cette fin d'année. Célèbres ou moins connus, ils se produisent à Douala et Yaoundé, et certains feront même plusieurs dates.

Papa Wemba est ainsi à l'affiche de l'ouverture de la 2ème édition de la foire culturelle et commerciale de Douala, Bato Ba Douala (Ba'Doul) le vendredi 24 décembre. Sur la scène, il sera accompagné du groupe Viva la musica. A l'affiche aussi, d'autres musiciens de renom: Meiway, Ben Decca, Dina Bell, Ntoumba Minka, Lady B, Charlotte Dipanda, Guy Watson le père de la “mignoncité”. Il se produiront jusqu'au 2 janvier 2011. Sont également annoncés en concert à Douala, Monique Seka et Wes Madiko.

Après Ba'Doul, Papa Wemba devra prendre la route pour Yaoundé, où le public de Yaoundé en fête (Ya-fe) l'attend le 26 décembre. Suivra Ntoumba Minka le 30 décembre. La soirée de la saint sylvestre est consacrée au bikutsi féminin avec Karine Amy, la lauréate 2010 du concours de la chanson Mutzig star, Majoie Ayi et K-Tino. Mais avant, les spectacles qui vont se dérouler en plein air au boulevard du 20 mai s'ouvrent vendredi prochain par une prestation de l'Ivoirien Meiway.

Le chant chorale n'est pas en reste dans cette foire de concerts. Le groupe Gospel singers, auteur du titre-phare “shilo”, est à Yaoundé pour des concerts religieux. Le hip hop se jette dans la danse avec, ce jeudi à l'espace culturel Urban village, un concert d'un artiste de hip hop, Silver Black.

mercredi 22 décembre 2010

publicité : Des pasteurs s'affichent sur de grands panneaux



S'il coûte cher, ce support grand format leur permet de vendre leur image et de recruter des fidèles.
Religion et publicité sont-elles compatibles ? Il faut croire que oui. Au Cameroun, quelques pasteurs des Églises dites de réveil ont décidé de tirer leur épingle du jeu en misant sur le marketing religieux. Après l'affichage petit format pour annoncer des campagnes d'évangélisation, ils investissent chaque jour davantage l'espace public urbain en s'affichant sur de grands panneaux. Non plus pour annoncer des évènements mais pour faire passer un message et, au-delà, vendre leur image.
Messages touffus
Les messages, souvent longs et touffus, sont significatifs du but à atteindre. Extraits : « Que Dieu accorde la sagesse divine au président de la République et à toutes les autorités administratives du Cameroun au nom de Jésus Christ » ; « La nation camerounaise est la propriété privée de Jésus Christ » ; « Que l'Éternel des armées bénisse la police et les Forces Armées Camerounaise, tous les corps en Tenue et que la paix et la prospérité les accompagnent! » (Sic). Le premier texte est celui d'un panneau situé au lieu dit Texaco Elig-Edzoa à Yaoundé ; le second est visible au rond point Nlongkak et le troisième à l'entrée de l'École nationale supérieure polytechnique de Melen. Tous sont signés du « révérend docteur » Dieunedort Kamdem. Un jeune homme à l'éloquence sûre, qui, suite à une brouille, a quitté l'église du Plein Évangile pour lancer la sienne, il y a six mois : Faith convenant ministries international ou encore La Cathédrale de la foi.
Le grand panneau de Melen qui porte des écrits blancs, jaunes et orange sur un fond vert, tombe à pic, au moment où le Cameroun célèbre les 50 ans de son armée. Dieunedort Kamdem y apparaît vêtu d'un treillis. Il tient une bible dans la main gauche et sourit volontiers. Dans un coin, deux numéros de téléphone sont mentionnés, et donnent accès au secrétariat du pasteur-vedette.
Coût élevé
Dieunedort Kamdem, qui possède déjà la chaîne de télévision Kanodi Tv, ne lésine pas sur les moyens pour communiquer. Depuis mai 2010, il a fait afficher, au total, 12 grands panneaux de 4m2 sur 3m2, situés dans des lieux de forte concentration humaine, sur une période allant de trois à six mois. Un panneau tiré en couleur sur du papier vinyle coûte environ 150 000Fcfa en terme de production, révèle Hervé Fokou, le chargé de la communication et du marketing de Golgoth'art, l'établissement de conception graphique qui a réalisé ces grands panneaux. Il faut compter en plus un bail mensuel d'environ 90 000Fcfa par panneau pour l'affichage, selon les publicitaires.
Investissement rentable
Cet investissement est loin d'être vain. « Malgré le coût élevé, les grands panneaux interpellent les gens. La preuve, depuis six mois que j'ai commencé à communiquer, je suis passé de 50 à 2000 chrétiens », se satisfait le pasteur Dieunedort Kamdem, qui se dit prêt à explorer tous les canaux de communication qui existent pour faire passer son message. Et s'il se met davantage en relief sur ces grands panneaux, éclipsant parfois le message, c'est qu'il a de bonnes raisons : « si je pouvais filmer Jésus et le mettre là, je le ferais. Mais puisque je ne peux pas et que Dieu habite en moi, je mets ma photo sur le panneau ». Et d'ajouter : « Qu'on le veuille ou pas, on suit un homme qui a une vision, et non le contraire ».
Historique
Hervé Fokou raconte qu'Angela Acha Morfow est le premier pasteur camerounais à s'être aventuré dans ce canal du marketing religieux pour annoncer une campagne d'évangélisation en 2008. L'année d'après, c'était au tour de Raoul Waffo, un pasteur camerounais vivant en Côte d'Ivoire, de retourner dans son pays pour souhaiter à ses compatriotes une « bonne et sainte année » sur un grand panneau. Dieunedort Kamdem est entré dans la danse ensuite et n'a plus quitté la scène.
« Dieu est un produit que l'on vend »
Gérard-Paul Onji'i Essono, publicitaire et enseignant associé à l'Ecole supérieure des sciences et techniques explique que ce qu'on vend le plus, c'est la religion : « Le Christ lui-même a fait la publicité de son courant religieux à travers des miracles. Cela, c'est du marketing direct et ça date de Mathusalem. Les églises, les synagogues, les mosquées sont des lieux où ont prêche Dieu, et Dieu est un produit qu'on vend naturellement aux hommes, tout le monde ou presque étant à la recherche du salut ».
Stéphanie Dongmo

jeudi 16 décembre 2010

Jacques-Greg Belolo vous souhaite un joyeux Noël

Jacques-Greg Belobo revient avec « Noël des enfants de chez moi ». Pour la 3ème édition de ce concept, il donne un récital de chants de Noël orchestrés de manière classique le 17 décembre à la Basilique de Mvolyé à Yaoundé, et le 18 décembre à l'église du Centenaire à Douala. Premier artiste lyrique africain sélectionné pour le prix Best singer in the world décerné par la BBC, Jacques-Greg Belobo a d'abord pratiquer le chant en autodidacte, avant d'obtenir une bourser pour étudier à l'Académie d'été de Nice en 1997. Depuis, il a travaillé sous la direction de grands chefs d'orchestre dans le monde. Il y a trois ans, il a décidé de retourner en Afrique et au Cameroun pour partager sa culture du chant lyrique. Les billets sont en vente au Ccf de Yaoundé au prix de 3000Fcfa et 5 000Fcfa.

Livre : Pour en finir avec le harcèlement sexuel à l'université

Jean-Emmanuel Pondi donne des issues de secours aux étudiantes victimes dans son dernier ouvrages paru chez Clé à Yaoundé.

Jean-Emmanuel Pondi a choisi de briser le silence sur un phénomène bien présent dans les universités camerounaises: le harcèlement sexuel exercé par des enseignants sur des étudiantes. Dans son livre, « Harcèlement sexuel en déontologie en milieu universitaire » qui vient de paraître en français et en anglais aux éditions Clé, le secrétaire général de l'université de Yaoundé I, en acteur du système, examine les causes et les conséquences de ce phénomène pour, enfin, proposer des issues de secours aux victimes qui ne doivent plus se taire.

En prélude à toute réflexion, l'auteur publie neuf témoignages d'étudiantes de l'université de Yaoundé I victimes de harcèlement sexuel. Le seul témoignage fait à visage découvert est celui d'Elise Mballa Meka, ancienne étudiante à l'université de Yaoundé, aujourd'hui présidente du conseil d'administration de la Sociladra. Pour Jean-Emmanuel Pondi, « il ne peut y avoir égalité de droit, de chance ou progrès pour tous quand une partie de la population estudiantine subit des traitement qui portent atteinte à la dignité humaine et entravent la bonne poursuite de son cursus normal à l'université » (P. 26).

Les causes du harcèlement sexuel en milieu universitaire sont nombreuses : la faiblesse du ratio de l'encadrement académique (un enseignant pour 140 étudiants dans les grandes métropoles); la masculinité de l'enseignement (seulement 19% des enseignants sont des femmes) ; la sur-représentation des filles dans les filières autres que scientifiques et technologiques, « filières dans lesquelles l'attribution des notes obéit à un barème plus clair et plus strict facilement chiffrable » ; la précarité financière des étudiantes qui les rend vulnérables et la démission de certains parents face à leur responsabilité. Les conséquences de cette dérive vont de la violation des droits de l'étudiante aux meurtrissures morales difficiles à soigner. Victimes de harcèlement sexuel, beaucoup d'étudiantes choisissent de changer de filière, d'université ou encore de pays, avec un coût psychologique et financier supplémentaire.

Au Cameroun, déplore l'auteur, il n'existe pas de loi spécifique sur le harcèlement sexuel. De plus, « parce qu'elles sont perpétrées de façon insidieuse, les violences faites aux femmes comptent parmi les actions les plus difficiles à identifier et à établir par une tierce personne comme le veut la loi. Cette caractéristique n'enlève rien à leur illégalité », écrit-il. Et de donner des issues de secours aux victimes : la cellule d'écoute et de conseil du Centre médico-social de l'université de Yaoundé I; l'Association de lutte contre les violences faites aux femmes (Alvf); la commission diocésaine justice et paix de l'archidiocèse de Yaoundé; l'Association camerounaise des femmes juristes (Acafej).

Cependant, pour une meilleure protection des étudiantes, Jean-Emmanuel Pondi, qui est par ailleurs enseignant à l'Institut international de relations internationales du Cameroun (Iric), suggère l'élaboration d'une charte d'éthique et de déontologie universitaire qui stipulerait les droits et les devoirs de chaque membre de la communauté universitaire.

Stéphanie Dongmo


Jean-Emmanuel Pondi

Harcèlement sexuel et déontologie en milieu universitaire

Préface de Marcelline Nnomo

Editions Clé, Yaoundé

Décembre 2010

80 pages, prix: 2500Fcfa

médias : Un journaliste du Jour interpellé par la Sémil


Adolarc Lamissia a été interrogé pendant plusieurs heures le 10 décembre 2010 à Ngaoundéré, à la suite d'un article sur la tentative d'assassinat du commandant du 5e Bir.

Vendredi 10 décembre 2010, Adolarc Lamissia, journaliste au quotidien Le Jour, a été interpellé à Ngaoundéré par des militaires et conduit à l'antenne Semil (Sécurité militaire) de l'Adamaoua. Entre 16h et 22h15, notre collègue y a subi deux interrogatoires, l'un mené par le chef de la division des enquêtes à la Semil, l'adjudant chef Boubakary Issa, et l'autre par le chef d'antenne de la Sémil qui lui a dit exécuter ainsi les ordres conjoints du gouverneur de la région de l'Adamaoua, Enow Abrams Egbe, du commandant de la 3ème région militaire et du ministre de la Défense, Edgard Alain Mebe Ngo'o.

Cet interrogatoire n'avait qu'un seul but : obtenir d'Adolarc Lamissia le nom de sa source d'information, en rapport avec la tentative d'assassinat du commandant du 5ème Bir par un sergent, le 08 décembre 2010 à la place des fêtes de Ngaoundéré, à l'occasion de la célébration des 50 ans de l'armée camerounaise. L'article, paru dans Le Jour vendredi dernier, donnait, du reste, la parole au commandant du 5ème Bir, le lieutenant colonel Tiokap Lotti.

Pendant l'audition, les responsables de la Semil ont fait défiler plusieurs agents de la Semil devant Adolarc Lamissia pour qu'il identifie sa source d'information. Mais le journaliste est resté ferme. Le commandant de l'antenne Semil lui a dit qu'il ferait tout pour qu'il soit poursuivi par le procureur de la République pour « ingérence et tentative de nuire à l'armée camerounaise ». Adolarc Lamissia a finalement été libéré après avoir subi plus de six heures d'audition, des tortures psychologiques et des insultes, d'après ses déclarations.

Menaces de mort

Samedi, 11 décembre dernier, aux alentours de 16h, notre collègue a été abordé par un homme qui s'est présenté à lui comme étant le substitut du procureur de la République près le parquet de la Vina. Il lui a demandé de se rendre audit parquet ce lundi matin, de même qu'à la brigade de recherche de Ngaoundéré pour être entendu, sans toutefois lui donner de convocation écrite. Depuis lors, Adolarc Lamissia reçoit des appels anonymes des personnes qui lui promettent la mort.

Suite à l'interpellation du journaliste, le Syndicat des journalistes employés du Cameroun (Sjec), dans un communiqué signé de Denis Nkwebo, secrétaire national à la communication chargé des alertes, et publié le 10 décembre, a condamné « cette tentative manifeste de violation du secret des sources ». Le Sjec a par ailleurs encouragé Adolarc Lamissia à s'abstenir de toute déclaration à la Sémil, et appelé tous les journalistes camerounais à se tenir prêts à répondre aux mots d'ordre éventuels contre « cette agression inutile ».

Stéphanie Dongmo

lundi 13 décembre 2010

« Biens mal acquis » : France24 censure une vidéo

La chaîne française a retiré de son site une vidéo où Paul Biya, en compagnie d'autres chefs d'États africains, affirme:"ils ne peuvent pas établir que j'ai une fortune".

La chaîne publique France 24 a retiré une vidéo potentiellement embarrassante de son site internet, à la demande d'une ambassade africaine, et sans en informer ses internautes.

Cette vidéo est liée à l'affaire dite des « biens mal acquis », c'est-à-dire l'utilisation de l'argent de la corruption par des chefs d'Etat africains pour acheter des biens immobiliers en France. L'affaire, lancée par des associations (Sherpa, Transparence international (TI) France et le CCFD), est engagée dans un parcours du combattant judiciaire, dont le dernier épisode, début novembre, est le feu vert de la Cour de cassation pour le renvoi du dossier devant un juge d'instruction.

Trois chefs d'Etat sont visés par cette enquête : Denis Sassou Nguesso du Congo, Ali Bongo du Gabon, et Téodoro Obiang Nguema de Guinée équatoriale.

Conversation « off » filmée

Le 28 novembre, les chefs d'Etat africains se retrouvent en sommet à Tripoli (Libye), et le président camerounais Paul Biya croise ses collègues du Sénégal, Abdoulaye Wade, et de Guinée équatoriale, Téodoro Obiang Nguema. Ils bavardent sous une tente tandis que les caméramen font leur travail. Seul problème, leur conversation est également enregistrée.

La conversation, ou du moins ce qu'on en capte, révèle l'agacement des chefs d'Etat africains contre cette procédure en France visant trois d'entre eux et potentiellement d'autres comme Paul Biya, au pouvoir depuis plus d'un quart de siècle.

Disponible quelques jours sur le site de France 24, l'article racontant cette histoire, vidéo à l'appui, en a été retiré. Les internautes ont droit désormais à cette seule phrase d'accueil : « vous n'êtes pas autorisé à accéder à cette page ».

A quoi ressemblait la page avant sa dépublication sans explication ? Pas compliqué de la retrouver.

Dans son article, désormais inaccessible, daté du 3 décembre, dans sa section « Les Observateurs », France 24 écrivait :

« Mise en ligne le 30 novembre sur le site de la présidence camerounaise, la vidéo a fait la une de deux journaux locaux (Le Jour et Quotidien Mutations), mercredi. Selon ces quotidiens, la vidéo a été modifiée et repostée dès le 1er décembre à 11 heures du matin, une musique arabe recouvrant désormais la discussion “off” des trois présidents africains. »

Extrait de l'échange entre les trois présidents :

Wade : « J'ai vu, j'ai vu. Ta réaction était très bonne, j'ai vu. »
Biya : « Mais, franchement, nous avons des oppositions. Ils inventent des choses, ils traduisent les chefs d'Etats africains devant des tribunaux étrangers. »
Biya continue : « Ils ne peuvent pas établir que j'ai une fortune ou je ne sais pas moi. Mais, mais ce qui est assez anormal, c'est la complaisance des médias, à lancer le détournement dans l'opinion. »

Source : Rue89

mercredi 8 décembre 2010

Portrait : Koko Komegne tel quel

A 60 ans, le plasticien qui se définit comme un disciple de Picasso a célébré, cette année, 44 ans de carrière. (Article paru le 11 mars dans Le Jour)

Dreads locks cachés par un bonnet. Blouson et pantalon jeans. Lunettes de soleil dans une poche. Cigarette allumée entre deux doigts. Bienvenue dans l’univers de Koko Komegne. Mais Koko Komegne ce n’est pas que le look. C’est aussi la personnalité. Affabilité, passion, verve. L’artiste anticipe même les questions et parle de manière presque ininterrompue. De sa vie, de sa carrière, de son art.

Né le 02 octobre 1950 à Batoufam, Gaston Komegne, de son vrai nom, a passé une partie de son enfance à Yaoundé. Au départ, il est attiré par la photographie. Mais l’appareil photo est hors de prix. Il s’oriente alors vers la peinture, moins coûteuse. Le véritable déclic va se produire en 1965 à Douala, lors d’une rencontre fortuite avec un peintre français, Jean Sabatier. Koko commence véritablement sa carrière par la peinture publicitaire. L’argent gagné ici, il l’investit dans ses recherches picturales. Pour forger son art, il reproduit des œuvres des grands peintres comme Van Gogh et Picasso, son modèle.

Plus tard, il va créer un courant qu’il appelle la « diversion optique ». « C’est un symbolisme qui introduit le visiteur et l’égare ; c’est l’ensemble des valeurs culturelles du monde noir allié à la modernité ; c’est une technique qui schématise, stylise et résume ; c’est un dialogue silencieux entre l’homme et la matière ; c’est une peinture qui ne s’adresse pas aux yeux mais à l’âme », explique-t-il. Artiste militant, il a été à l’origine de plusieurs regroupements de plasticiens au Cameroun, parmi lesquels le Collectif des artistes plasticiens du Littoral (Caplit) en 1983. Koko Komegne aime Douala, la ville où il réside. Et Douala le lui rend bien. « Je suis fier de Douala, parce que c’est devenu le porte flambeau de l’art plastique au Cameroun et dans la sous-région ».

Impossible pour lui de parler du nombre exact de ses expositions, tant il en a fait. Mais de son apport à l’art plastique, certainement. « Je suis le père de l’art contemporain au Cameroun. J’ai permis aux artistes de sortir du réalisme pour se lancer dans l’abstraction ». Depuis les années 60, en effet, la peinture a fait du chemin dans notre pays. De la peinture pour touristes (folklore, portrait, nature morte…), on est arrivé à la peinture contemporaine. Au point où, pour l’artiste, il n’est plus indiqué de parler de peinture mais d’art plastique. Car, au final, l’installation, le body art, la sculpture et la performance se sont greffés à la peinture pour le prolonger.

Koko Komegne ne dissocie pas la peinture de la sculpture, mais en fait un prolongement. Pour créer une rupture avec la représentation figurative, son graphisme navigue entre abstraction et expressionnisme, tout en incluant des collages (tissus jeans, aluminium, capsules de bière…) Ses tableaux chargés d’écriture rappellent toutes ces années que le plasticien a passées à faire de la peinture publicitaire. Les corps en mouvement sont des formes récurrentes dans ses œuvres. L’artiste aime pratiquer ce qu’il appelle la diversion optique, une technique qui consiste essentiellement à tromper l'œil du spectateur.

Koko Komegne a su s’adapter et même anticiper ces évolutions. « Ma peinture a traversé le temps, les courants et les tendances parce qu’il est le fruit d’un regard prospectif », explique-t-il. Et d’ajouter : «J’ai apporté à l’art plastique mon refus de la quotidienneté, mon combat pour la liberté, car, le peintre, c’est avant tout un homme libre ».

Stéphanie Dongmo

mardi 7 décembre 2010

Cinéma: Bientôt un site internet pour la diffusion des films africains


C'est l'objectif d'un séminaire organisé par l'Institut Goethe de Yaoundé la semaine dernière entre cinéastes africains et européens.

“Mokolo”, c'est le nom provisoire du site. Il a été révélé vendredi dernier à l'Institut Goethe de Yaoundé, au quatrième et dernier jour du séminaire organisé par l'institution allemande pour la mise en réseau d'une plate-forme cinématrographique entre professionels africains et européens. D'après les participants venus d'Afrique du Sud, d'Allemagne, d'Ethiopie, de France, du Sénégal, du Nigéria et du Cameroun, “Mokolo” aura pour but de diffuser des films africains et européens et d'initier des échanges professionnels entre cinéastes. Il est aussi question de mettre en réseau les différents sites spécialisés dans le cinéma qui existent déjà, tels africiné, cinémaducameroun, scripthouse, ethiopianfilminitiative, onlinefilm...

Le critique de cinéma Jean-Marie Mollo Olinga a expliqué que “c'est aux Africains de s'approprier cette plate-forme qui va donner plus de visibilité au cinéma africain”. Ce à quoi Waa Musi, président de l'association Cameroon films industry, a ajouté: “C'est une ouverture pour les films africains qui font face à un problème crucial, celui de la distribution”. Ainsi, les 15 films produits en moyenne chaque trimestre au Cameroun vont trouver un public sur Internet. Et les retombées, elles, se feront sur le long terme, d'après Enrico Chiesa d'Africafilms.tv: “Tous les Africains qui ont un portable aujourd'hui seront connectés à internet demain. L'important est que nous commencions à apprendre ensemble maintenant pour être prêt demain”. En attendant, le marché que représente la diaspora africaine est à conquérir.

Thierno Ibrahima Dia d'Africiné pose quelques préalables à cette aventure: des bases juridiques claires, la transparence et la confiance. Gérard Essomba, lui, est pour la qualité des films et l'implication, aux côtés des réalisateurs, des producteurs, scénaristes, acteurs et techniciens de l'image. Sur internet, la piraterie est présente. Pour la contourner, Enrico Chiesa recommande de crypter les films et d'utiliser des logiciels qui n'acceptent pas le téléchargement.

Irene Bark, la directrice de l'Institut Goethe de Yaoundé qui joue ici le rôle de médiateur, a expliqué que ce projet, qui n'est encore qu'au stage des discussions, est “un rêve que nous voulons réaliser”. Pour le moment, aucune date n'a été avancée pour son démarrage effectif.

Note de lecture : Victimes ou bourreaux?


Dans un recueil de nouvelles, Irène Maben raconte comment, tous, nous sommes victimes de l'environnement dans lequel nous vivons.


Les douze nouvelles du recueil “Victimes” de Irène Maben, paru chez Ifrikiya en septembre dernier, ont pour dénominateur commun la perte de l'innocence. Le livre nous plonge au cœur de la pauvreté, pour raconter les mésaventures de personnages qui, à un moment ou à un autre, ont fait des choix qui ont fait basculer leurs vies.

Quelques uns méritent que l'on sy attarde: le jeune étudiant Fekak a été contraint de se livrer à des pratiques homosexuelles en échange d'une somme d'argent qui lui a servi à payer ses droits universitaires; l'héroïne de la nouvelle “Bonheur volé” a dû céder sa place d'épouse à une étrangère ; Dorine a épousé un vieux Blanc qui a essayé de la prostituer une fois en Europe ; Mboussi Emmanuel a perdu son âme en échange d'une chefferie; Hermine, déjà mère de trois enfants de pères différents, a épousé un homme qui a fini par violer ses deux filles ; le fiancé aimant de l'héroïne de “La honte de ma vie” s'est révélé être un braqueur.

La meilleure nouvelle de ce recueil est sans conteste “Une nuit en forêt”. Elle raconte l'histoire de Keedi, un vieillard qui s'est perdu en forêt. Ses yeux ont vu ce qu'aucun humain ne devrait voir, ses oreilles ont entendu des choses réservées aux esprits. Alors que tout le village attend qu'il paie de sa vie cette intrusion dans un monde mystérieux, il se voit plutôt récompensé. Une chute inattendue qui captive le lecteur, suscite en lui des émotions et, au-delà, des réflexions. Mais une chute qui manque à beaucoup d'autres textes de ce recueil.

Pour Irène Maben, tous ces personnages sont des victimes. Victimes du simple fait d'être en vie, victimes de leurs proches, victimes de la société dans laquelle ils vivent, victimes de leur pauvreté mais aussi victimes de leur cupidité. Car, Fefak aurait pu choisir d'abandonner ses études au lieu de se livrer à un homme; Mboussi Emmanuel aurait tout aussi bien pu refuser d'être fait chef de village. Le comédien américain Ambroise Bierce ne disait-il pas à cet effet que “Les victimes sont parfois aussi coupables que les bourreaux”?

L'écriture de Irène Maben est pressée, comme si, pour elle, il était urgent de vite boucler une histoire pour en écrire une autre. Certains scènes sont si vite décrites qu'elles en deviennent anecdotiques. Dans ses textes écrits de manière progressive, avec très peu de flash back, le côté psychologique des personnages est seulement évoqué, au profit des évènements extérieurs qui viennent bousculer leurs existences. Toutefois, la couleur verte de la couverture de l'oeuvre jette une touche d'espoir dans cette collection de catastrophes.

Doctorante à l'université de Yaoundé I, Irène Maben a choisi, pour sa première publication, la nouvelle, le genre par excellence des auteurs novices, qui n'est pour autant pas un genre mineur. Elle annonce pour bientôt la publication d'un roman où, on l'espère en tout cas, son écriture s'affirmera mieux.

Irène Maben

Victimes (nouvelles)

Edition Ifrikiya

Collection Proximité

Yaoundé, septembre 2010

97 pages, prix: 3000Fcfa



Humour: Un seul mot, rions seulement!


C'était le mot d'ordre de Major Asse et Valéry Ndongo, au cours du Stand up night show qu'il ont donné le 3 décembre 2010 au Ccf de Yaoundé.

Le public était là, les humouristes aussi. La représentation pouvait commencer. Comme d'habitude au Stand up night show, une floppée de thèmes étaient au programme, tant l'engagement de Valéry Ndongo et de Major Asse est grand: les détournements de fonds publics, la colonisation, les 50 ans d'indépendance, la présence chinoise, l'opération Epervier... Autant de sujets sérieux tournés en dérision pour mieux faire passer le message chez les uns et faire avaler la pilule aux autres. Le résultat était captivant, hilarant, réaliste.

Chez ces artistes, la politique et le sexe ne sont jamais loin, les histoires caustiques du “kwatt” aussi. Ainsi, Valéry Ndongo a incarné tour à tour le chef d'un gang qui braque avec “rigueur et moralisation”, pour emprunter au mot d'ordre du Renouveau ; la prostituée syndiquée qui réclame son dû après une nuit de dur labeur ; le “docta” qui vend ses produits à base de ginseng dans un bus ; le “travailleur de Dieu” qui se nourrit de la détresse spirituelle des autres.

La “copine des Camerounais”, Major Asse, a présenté un nouveau sketch. C'est l'histoire de “Pickpocket”, grand voleur devant l'Eternel, à laquelle se sont greffés d'autres thèmes: la corruption des forces de l'ordre, le dévergondage sexuel de certains prêtres et le rapport entre Blancs et Noirs. A un moment, l'humoriste a laissé la place au poète, pour déclamer des vers d'amour. Major Asse est ainsi revenu à ses premières amours, la poésie, qu'il a pratiquée au sein de La Ronde des poètes, tout comme Valéry Ndongo, avant de se faire un nom dans l'humour.

Sur scène, les promoteurs du Stand up night show étaient accompagnés de deux jeunes recrues, Christelle et Charlotte, dont les sketches portaient l'empreinte de Major Asse. En fin observateurs, Valéry Ndongo et Major Asse puisent leur inspiration dans la réalité sociale camerounaise. Si le pays vit encore “sous perfusion”, 50 ans après son indépendance, leurs personnages, eux, ont pris leur destin en main... dans un bar. Comme beaucoup de laissés-pour-compte du système, ils essayent de noyer les soucis qui, à leur grand dam, ont appris à nager. “Un seul mot, buvons seulement!” ont lancé les humouristes en choeur. Et nous, nous leur disons: “Un seul mot, continuez!”

jeudi 2 décembre 2010

Spectacle: Le Japon célèbre 50 ans de relations avec le Cameroun

Cinq artistes nippons ont donné un concert de musique traditionnelle lundi à l'Institut Goethe à Yaoundé.

C'est par un tonnerre d'applaudissements que le spectacle de musique traditionnelle japonaise, Minyou, s'est achevé lundi dernier à l'Institut Goethe de Yaoundé, aux alentours de 21h. Organisé par l'ambassade du Japon au Cameroun et la Japan foundation, il célébrait les 50 ans de relations diplomatiques entre ce pays et le Cameroun.

A l'ouverture du concert, quatre musiciens nippons, dont trois habillés en hakama japonais, et une femme vêtue d'un kimono, ont investi l'estrade. “Bon concert, on est ensemble”, a lancé la chanteuse Maya Nemoto, dans les quelques mots de français qu'elle a appris. Les artistes ont présenté les instruments traditionnels japonais avec lesquels ils allaient jouer. Puis, à tour de rôle, chacun d'eux a étalé son savoir-faire. Abe Ginzanburou, comme Maya Nemoto, a joué du shamisen (sorte de guitare) en interprétant des chansons. Senba Takayuki, lui, a fait entendre toute la richesse de ses percussions. Tagawa Tomofumi a battu le taiko (tambour), en dansant. Koshi Tsukada a le plus impressionné. Sa gorge semblait ne jamais manquer de souffle pour faire sortir des sons aigus de son shakuhachi (flûte en bambou).

Au milieu du spectacle, les musiciens camerounais invités se sont produits. Venant Ntiomo, Sylvain Mbassi et Martin Ambara ont apporté chacun son instrument (tambour, mvet, balafon) pour accompagner la chanteuse Alima. Rapprochement des cultures oblige, Camerounais et Japonais se sont mis ensemble pour interpréter d'abord un morceau beti, ensuite un morceau japonais, avec des sons souvent discordants.

D'après Keiji Yamamoto, ambassadeur du Japon au Cameroun, “ce concert est une occasion d'échanges culturels entre les deux pays. Cette année déjà, le Ballet national a donné des représentations dans plusieurs villes du Japon”.

Stéphanie Dongmo

mercredi 1 décembre 2010

Affaire Bibi Ngota : Harrys Mintya refuse le prix de la liberté d'expression

Cette distinction lui a été décernée en septembre dernier par le Canadian journalist for free expression (Cjfe), de même qu'à Serge Sabouang et Bibi Ngota.

Dans un lettre adressée hier au « président de la l'association de défense des journalistes opprimés, Montréal, Canada » (sic), avec ampliation au ministre de la Communication, Harrys-Robert Mintya Meka, directeur de la publication du journal Le Devoir, refuse le « prix de combat pour la liberté et la démocratie octroyé en mon honneur » (sic). En effet, le 7 septembre dernier, le Canadian journalist for free expression (Cjfe) a décerné le prix international 2010 de la liberté de la presse à deux journalistes mexicains, ainsi qu'à trois confrères camerounais: Harrys Mintya, Serge Sabouang et, à titre posthume, Bibi Ngota.

Carole Off, la présidente du comité d'organisation de la “soirée d'hommage au reportage courageux” du Cjfe, déclarait alors : « Les journalistes auxquels nous rendons hommage n'ont pas hésité à courir des risques pour leur sécurité personnelle afin de rapporter des histoires que le monde doit apprendre». La soirée de remise des prix s'est déroulée à Toronto au Canada le 25 novembre dernier, en présence de Thérèse Tchoubet, la soeur du regretté Bibi Ngota, et de son époux Bosco Tchoubet. En récevant le prix des trois journalistes, Thérèse Tchoubet a déclaré que ce prix “ a contribué directement à la libération de Serge et de Harris. C'est une victoire”.

Harrys Mintya qui dit l'ignorer estime qu'il ne mérite pas cette distinction: “On décerne un prix à quelqu'un lorsqu'il a combattu pour quelque chose ou posé un acte de bravoure. Moi, je fais juste mon travail de journaliste”. Il se plaint par ailleurs du peu d'information dont il dispose à propos de ce prix. Il raconte que “l'association de défense des journalistes opprimés” (sic) lui a envoyé une équipe de Canal2 international pour la réalisation d'un reportage, alors qu'il étais interné à l'hôpital Jamot de Yaoundé pour déprime. “Les reporters en question n'ont pas mis plus de cinq minutes pour le faire et, de surcroit, ne m'ont pas permis d'en savoir plus”, précise-t-il.

En rappel, Harrys-Robert Mintya et Serge Sabouang ont été mis en liberté provisoire le 24 novembre dernier. Avec leur confrère Bibi Ngota, ils avaient été écroués à la prison centrale de Yaoundé en avril 2010 à la suite d'une plainte du secrétaire général à la présidence de la République, Laurent Esso, pour faux et usage de faux. Aujourd'hui, Harrys Mintya semble pressé de tourner la page: “L'affaire est finie. Puisqu'elle a été classée, je considère qu'elle n'a jamais eu lieu”. Il n'a plus qu'un mot à la bouche: “Je remercie le président Paul Biya qui nous a libérés”.

Stéphanie Dongmo

Médias : Les misères du journalisme culturel au Cameroun


La pratique du métier bute sur de nombreuses difficultés, allant de l'amateurisme des acteurs au manque de considération au sein des rédactions.

Du 20 au 26 novembre 2010, la 18ème édition des Rencontres théâtrales internationales du Cameroun (Retic), en partenariat avec la Cameroon art critics (Camac), a organisé à Douala et à Yaoundé un atelier de formation sur le journalisme culturel, animé par Laure Malécot, journaliste culturelle française. Ambroise Mbia, le promoteur des Retic, explique qu'il est nécessaire pour la culture camerounaise d'avoir des journalistes bien formés qui savent de quoi ils parlent.

A ce propos, les artistes, premiers concernés par le travail de cette catégorie de journalistes, ne tarissent pas de critiques. « Il n'y a pas beaucoup de journalistes culturels au Cameroun », lance le musicien Roméo Dika. Il en veut pour preuve le fait que « parfois, un journaliste culturel fait des commentaires inappropriés sur un album alors qu'il n'y connaît rien ». Cette ignorance est aussi relevée par le metteur en scène Jacobin Yarro : « Les journalistes culturels n'ont pas le langage professionnel adéquat. Lire un spectacle, par exemple, veut dire qu'on est capable de décoder les codes utilisés par les artistes. Sur le plan culturel, on a besoin que les journalistes culturels se forment à la lecture des différents formes d'expression artistiques et se cultivent ». Or, jusqu'à présent, regrette-t-il, le journalisme culturel ne va pas au-delà du simple reportage classique, et aborde rarement la critique artistique.

L'absence de formation n'est pas le seul problème auquel font face les journalistes culturels. Parfait Tabapsi, le président de Camac, l'association des journalistes culturels du Cameroun, en a recensé d'autres : « Un : il y a des rédactions qui n'ont pas du tout de rubrique culture, notamment à la radio et à la télévision. Et même quand la rubrique existe, elle n'est pas toujours régulière. Deux : les gens ne viennent pas toujours en culture par passion, et l'un des combats de Camac est que les gens fassent le journalisme culturel par conviction». Justin Blaise Akono, le chef de la rubrique culture à Mutations, lui, explique que la première difficulté à la pratique de son métier est interne. Il vient du manque de reconnaissance du travail des journalistes culturels qui fait rarement la une, en dehors des polémiques. « La page culture peut sauter à tout moment pour laisser la place à la publicité. Quand on se retrouve avec deux pages au frigo, on n'est pas motivé à aller sur le terrain couvrir l'actualité », se plaint-il. Serge Edzou, directeur des programmes à Magic Fm, estime que la culture est très souvent lésée face aux effectifs insuffisants dans les rédactions.

Pour Laure Malécot, les journalistes culturels camerounais s'en sortent déjà pas mal : « ile ne sont pas aidés par le contexte au niveau du manque de matériel et du manque d'information, mais ils son prolifique. Maintenant, il faudra évoluer vers un mieux ». Et ce mieux passe par la formation. « Cet atelier nous renforcent dans notre conviction que nous sommes sur la bonne voie et nous permet d'affiner notre art. Notre souhait est que de telles initiatives se multiplient », espère Parfait Tabapsi.

Stéphanie Dongmo