mardi 25 octobre 2011

Peinture: Très chère Mona Lisa

Peinte par Léonard de Vinci au 16ème siècle, La Joconde est la principale attraction du musée du Louvre à Paris. 



« Ouaouh ! J’ai vu Mona Lisa, maman », claironne Arlette. Juchée sur les épaules de son père, le regard illuminé, la fillette de 7 ans fait sa première rencontre avec La Joconde, une œuvre universellement célébrée. En ce lundi 24 octobre, considéré comme un jour sans affluence, plus de 300 visiteurs ont pénétré dans la salle 6 du pavillon Richelieu, qui abrite les collections italiennes au Musée du Louvre, pour admirer cetllte œuvre. A l’entrée, une femme a posé un chevalet et reproduit « La vierge à l’enfant » de Raphael. L’odeur de la peinture happe les narines et donne un coup de neuf aux toiles. La salle baigne dans une lumière jaune tamisée. Les bruits des gens montent comme une clameur, entre les cris des enfants et les explications des guides.
 Fière allure
Accrochée en face du très grand « Les noces de Cana » (6,77 m x9,94m) de Paolo Caliari, dit Veronèse, La Joconde, avec ses 77x53 cm, paraît presque insignifiante. Cependant, c’est vers elle que tous les regards se tournent. Les visiteurs sont massés autour de la barrière de sécurité, les appareils photos levés au dessus de la tête. Les flashes crépitent. Au pied de l’œuvre, une inscription : « Léonard de Vinci, portrait de Lisa Gheradini, épouse de Francesco del Giocondo, dite Mona Lisa, La Gioconda ou la Joconde. Peint à Florence vers 1503-1506. Acquis par François 1er vers 1518 ».
Installée dans son palais de verres, un caisson isotherme, Mona Lisa a fière allure. Drapée dans sa dignité, elle a les cheveux qui lui tombent sur les épaules, son corsage laisse voir la naissance des seins, ses mains sont nonchalement croisés et son sourire énigmatique. La distance de cinq mètres imposée aux visiteurs ne permet pas de distinguer les détails de ses traits, encore moins les affres du temps sur cette toile vielle de plus de 500 ans.
Oeuvre de légende 
Malgré l'affluence autour de La Joconde, tous les visiteurs ne restent pas pantois face à son regard inquisiteur qui vous suit partout. C'est le cas de Natiga, une jeune femme venue avec son compagnon de Virginie aux Etats-Unis: "Je suis venu ici parce que j'ai beaucoup entendu parler de Mona Lisa. Je m'en voulais de ne pas encore l'avoir vu. Mais là, le tableau n'est pas aussi terrible que je l'avais envisagé. Je n'ai pas ressenti d'émotion particulière". Françoise, un agent d'accueil et de surveillance, essaie d'expliquer l'engouement des gens pour cette toile: "C'est la dernière oeuvre de Léonard de Vinci mort en 1519 et c'est son oeuvre la plus réussie, il l'a fait sans calque. Il y a aussi le sourire de Mona Lisa qui est devenue célèbre. Il faut dire que ce tableau est une légende qui est entretenue par la publicité".

Trop vieille
Ce qui a fait dire au Musée du Louvre qu’elle est trop vieille pour être transporté, suite à une demande de prêt formulée par une société italienne, pour une exposition prévue à Florence en 2013. « Avec le temps, le tableau peint sur un panneau de bois de peuplier très mince s'est courbé et présente une fente nettement visible au dos, côté gauche, qui s’élargit. Même quand nous la décrochons pour son examen annuel, nous ne l'amenons pas au laboratoire, nous l'étudions en salle», expliquait Vincent Pomarède, le conservateur en chef du département des peintures, dans le Figaro en août dernier.  
Stéphanie Dongmo


vendredi 21 octobre 2011

Darline Cothière : « La cause des journalistes refugiés mobilise peu »

La directrice de La Maison des journalistes (35 rue Cauchy, dans le 15ème arrondissement à Paris) parle des difficultés financières de cette organisation qui accueille des reporters demandeurs d’asile politique en France, et de leur devenir professionnel.

Quelle est l’offre de la Maison des journalistes ?
La Maison des journalistes accueille 30 journalistes par an, pour une durée de six mois. Depuis sa création en 2002, elle a accueilli 217 journalistes refugiés.
Quelle prise en charge pour ces journalistes pendant six mois ?
Pendant six mois, les journalistes bénéficient d’un bon d’achat alimentaire journalier, d’un passe navigo qui leur permet de circuler dans Paris, d’une assistance administrative pour monter leurs dossiers de refugiés, d’une prise en charge psychologique pour ceux qui le souhaitent. Les non francophones bénéficient des cours de français.
Que se passe-t-il après six mois pour ces journalistes ?
Après, ils se débrouillent. Six mois, c’est le temps pour eux de respirer un peu, de s’organiser. Ce n’est pas toujours planifié de venir en France et m. Toutes les personnes qu’on a accueilli rencontrent de grandes difficultés pour s’intégrer. Ce n’est pas toujours facile, toutes les structures d’accueil sont saturées. Au niveau de l’Union européenne, il y a une diminution de l’aide pour les immigrés. L’après est compliqué, mais c’est au journaliste de se prendre en charge.
Combien ont trouvé du travail dans les médias français ?
Jusqu’ici, une dizaine de journalistes a effectivement intégré des médias français. Beaucoup ont abandonné le métier, certains ont migré vers d’autres pays étrangers et quatre sont retournés dans leur pays d’origine, parmi lesquels deux après la chute du régime qui les persécutait.
D’où viennent les financements de la Maison ?
Nos subventions viennent des médias parrains et de la ville de Paris. On a un budget global de 350 000 euros par an, financé à hauteur de 25% par les médias français et 50% par le Fond européen pour les refugiés. On reçoit aussi le soutien des prestataires, une subvention pour les expositions et une pour notre journal en ligne, « L’œil de l’exilé ». Chaque média français finance une chambre. Ils reçoivent aussi souvent nos journalistes en stage dans leurs rédactions.
En 2010, vous avez lancez un appel à don pour faire face à des soucis financiers. Quel résultat ?
La crise est passé par chez nous, ce n’est pas évident de faire fonctionner la Maison. Nos soucis financiers sont surtout dûs au retard du paiement des subventions du Fond européen pour les refugiés. C’est bloqué au ministère de l’intérieur. Derrière, il y a une volonté politique de diminution de toutes les aides pour les personnes les plus fragiles. On avait lancé un appel à don l’année dernière. On essaie de créer un réseau de mécènes, mais c’est difficile, la cause mobilise peu.
Propos recueillis par Stéphanie Dongmo, à Paris
                                                                                   

Médias : la médiation décryptée

En France, de plus en plus d’organe de presse créent des postes de médiateurs. Qui sont-ils et à quoi ils servent ?

A quoi sert un médiateur ? A partir de 1994, la presse française s’est ouverte à la médiation de presse. Le Monde, Rfi, France 2 et France 3, pour ne citer que ceux-là, ont créé des postes de médiateur. Comme son nom l’indique, le médiateur est l’intermédiaire entre le média qui propose un contenu et le public qui le reçoit. Nicolas Jacobs, médiateur de l’information à France 2, explique que son travail consiste à recevoir le courrier des auditeurs, à les examiner et à y répondre. Il transmet aussi les plaintes des auditeurs aux journalistes concernés ou à la rédaction.
Qu’est-ce que la médiation apporte de plus ? La médiation permet de crédibiliser l’organe de presse. Il donne au public le sentiment d’être écouté et pousse le journaliste à corriger ses erreurs, et partant, à s’améliorer. Dans le principe, car, la réalité est souvent plus complexe. Nicolas Jacobs avoue que depuis 2000 que la médiation existe à France 2, rien n’a fondamentalement changé. Les mêmes erreurs, comme la confusion des images, se reproduisent. Mais, ajoute-t-il, « la médiation donne au moins mauvaise conscience aux journalistes».
Qui est médiateur ? En général, les médiateurs de presse sont des journalistes chevronnés.  Exemple : lorsqu’il a été nommé médiateur à France 2 en 2000 (poste qu’il va occuper jusqu’en 2005), Jean-Claude Allanic comptait 23 années de pratique du métier. Il avait été tour à tour présentateur télé, chroniqueur, grand reporter, rédacteur en chef. Nicolas Jacobs, qui lui-même est un ancien rédacteur en chef du JT de 13h sur France 2, affirme que la maîtrise du métier permet au médiateur de mieux se faire respecter par les journalistes.
La cas du Cameroun. La médiation de presse n’existe pas encore au Cameroun. Cependant, certains organes de presse comme Le Jour dispose de modérateurs qui lisent les réactions des lecteurs sur le site du journal et peuvent supprimer des messages injurieux. Il peut aussi arriver que le journal fasse lui-même son méa culpa en s’excusant d’une erreur commise dans l’une de ses éditions.
Stéphanie Dongmo, à Paris

dimanche 16 octobre 2011

Cinéma : Un silence qui vaut de l’or

The Artist, le film du Français Michel Hazanavicius, est sorti en France le 12 octobre. Un clin d’œil de talent au cinéma muet des années 1920.

Michel Hazanavicius n’avait pas de mots assez forts pour raconter ses fantasmes de réalisateur. Alors, il a gardé le silence. The Artist, son dixième film, est en noir et blanc. Mieux encore, il est muet. Le film a du caractère. Il raconte les destins croisés de deux acteurs à Hollywood en 1927. George Valentin (Jean Dujardin) est un acteur muet à qui tout sourit. Peppy Miller (Bérénice Béjo) est une figurante qui le regarde avec des yeux d’amour. Leur relation va changer le jour où le cinéma parlant va entrer à Hollywood par la grande porte. George est mis au placard, tandis que Peppy monte, jusqu’à devenir la nouvelle coqueluche de Hollywood.

Une scène du film avec Jean Dujardin et Bérénice Béjo. Magistral!
Le fossé qui se creuse de plus en plus entre George et Peppy est magnifiquement mis en scène par Michel Hazanavicius. Sur une séquence, ils se croisent dans un escalier. George, habillé d’un costume sombre, a le regard vague et le sourire crispé. Peppy, habillée de blanc, est placée en haut de l’escalier et le domine d’une tête. Eblouissante de beauté, elle est souriante et enthousiaste. Croquis du cinéma muet sur le déclin, qui emporte avec lui ses rêves et ses stars, tandis que le cinéma parlant, tout nouveau et donc tout beau, a son avenir devant lui. George va passer par trois étapes : la gloire, la chute et la rédemption, car il sera sauvé par l’amour. Ces étapes sont aussi celles du cinéma muet, à qui le réalisateur et scénariste donne aujourd’hui une certaine renaissance.
Stéphanie Dongmo, à Paris