dimanche 8 décembre 2013

Fleury Ngameleu : le poète scénographe

Arrivé à la scénographie par hasard, il s’impose peu à peu dans ce métier difficile. Il était l’invité de l’Association des journalistes culturels camerounais pour parler de son métier, le 6 décembre dernier à Yaoundé.

Fleury Ngameleu s'entretient avec les journalistes
Dread locks, yeux légèrement rougis, chemise noire et jeans bleu. Voilà quelques mots qui caractérisent bien Fleury Ngameleu, en tout temps et en tout lieu. C’est avec de la bonne humeur qui Fleury Ngameleu a entretenu les journalistes culturels de la Cameroon art critics (Camac) sur la scénographie et sur son parcours. C’était vendredi après-midi, à la maison des loisirs et de la culture Fiiaa, au quartier Nsimeyong à Yaoundé.
Initiées par la Camac depuis 2010, les Rencontres professionnelles sont une activité dont le but est de créer des moments d’échanges conviviaux avec les professionnels de la culture pour apprendre de leur expérience et sur leur métier. La rencontre avec Fleury Ngameleu a été riche en enseignements sur la scénographie, le théâtre et l’art en général.
Les participants ont notamment appris que cet homme, qui chérit la bière aussi fort qu’il aime la culture, est parti de la poésie pour arriver dans la scénographie tout à fait par hasard grâce au metteur en scène Martin Ambara.
Sa première scénographie, il l’a réalisé sur la pièce « Qui a tué M. Zyed ? » Alors qu’il avait un blocage, Martin Ambara lui a promis 200 000Fcfa pour réaliser ce travail, cela a été une motivation suffisante. Plus tard, il a créé la scénographie de la pièce « Haiti » de Landry Nguetsa et « Rêve de fou », mise en scène par Eric Delphin Kwegoué, entre autres.
Pour lui qui s’est formé sur le tas, la scénographie est le prolongement de la pensée de l’auteur. Elle retranscrit sur la scène les émotions du texte, dit ce que le metteur en scène n’arrive pas à dire, contribue à faire comprendre et sentir la pièce.
S’il aime son métier, Fleury Ngameleu a tout de même des regrets : « Au Cameroun, et particulièrement à Yaoundé, il n’y a pas de véritable salle pour pouvoir réaliser une vraie scénographie », dit-il. Pour lui, la scénographie est aujourd’hui dévaluée et les metteurs en scène préfèrent des scénographies dépouillées, pour faire voyager facilement leur pièce, sans avoir besoin du scénographe.
Le métier ne paie pas car il y a peu de représentations théâtrales, donc, peu de sollicitations. Cependant, la scénographie s’impose de plus en plus dans le théâtre. « C’est un métier d’avenir », soutient-il, même si son présent reste difficile.  
En 2010, Fleury Ngameleu, ancien commerçant de son état, a initié le festival Escales poétiques qui se tient chaque année à Yaoundé : « Ce que je fais de mieux c’est écrire la poésie ».

 Stéphanie Dongmo 

mardi 3 décembre 2013

Ambroise Mbia : 70 ans de vie, 50 ans de carrière

Il était destiné à l’agriculture, aujourd’hui il est une icône du théâtre africain. Comédien, fondateur des Retic et président du Conseil régional Afrique de l’Institut international du Théâtre de l’Unesco, il a su se sortir la tête de l’eau dans un contexte difficile. 
NB: Article paru en 2012 dans le magazine Kwin.

Portrait de Ambroise Mbia
 On le croyait désormais dans l’arrière-scène, à s’occuper de la promotion du théâtre et de la formation des jeunes. Il est revenu sur la scène, à l’occasion de la célébration de ses 50 ans de carrière en juin 2012. Toute une vie dans le théâtre au Cameroun ! Un exploit dans un contexte de crise marqué par la démission des pouvoirs publics, l’absence des moyens de création, la rareté des espaces de diffusion et la désaffection du public.

Une maison nichée sur une colline à Mfida, près d’Akono. Loin du bruit et des lumières de la ville, c’est là qu’Ambroise Mbia s’est établit deux ans après son retour au Cameroun en 1977. Dehors, il y a un boukarou qui appelle au calme et au repos. Avec une vue superbe sur deux étangs où le maître des lieux pratique la pisciculture. Les rires des enfants qui se baignent dans le petit cours d’eau qui délimite la propriété sonnent comme un doux refrain. Plus loin, il y a une palmeraie qu’Ambroise Mbia a créée pour renouer avec l’agriculture, sa première vie. 

Cheveux poivre sel coupé très court, yeux rougis mais rieurs, une voix qui porte, Ambroise Mbia impose par sa carrure. Elle lui a permis de se glisser dans la peau d’un militaire violent et jouisseur dans la pièce « La femme et le colonel », qui a consacré sa remontée sur scène aux côtés de la comédienne béninoise Florisse Adjanohoum. Ecrite par le Congolais Emmanuel Dongala, la pièce a été mise en scène par le Tchadien Vangdar Dorsouma qu’assistait la Camerounaise Elise Mballa Meka. La première représentation s’est tenue le 27 juin à Yaoundé. 70 ans plus tôt, Ambroise Mbia Ebene naissait dans la même ville. 

Le théâtre, par hasard
Difficile de croire qu’il est arrivé au théâtre par hasard. En 1960, ses parents l’envoient en France pour suivre des études d’agronomie. A cette époque où souffle le vent des indépendances, les Etats africains font de l’agriculture la base de leur développement. Ambroise Mbia se destine donc à devenir ingénieur agronome. Seule passion dans cette voie toute tracée, il joue de la guitare pendant les week-ends au sein d’un petit orchestre d’étudiants. Pour combler les défaillances d’un répertoire pauvre, le jeune homme à l’esprit taquin commence à raconter des sketches pendant les intermèdes. Le succès de ce « jeu » le surprend.

Ambroise Mbia croît que « tout homme naît comédien ». Encore faut-il travailler à le devenir. Aussi s’inscrit-il, grâce à une bourse du gouvernement français, à l’Ecole nationale supérieur des arts et techniques du théâtre, longtemps connue comme « l’école de la rue Blanche », et plus tard à l’Ecole d’art dramatique Armel Marin à Paris. C’est le début de sa seconde vie, celle-là plus aboutie. Un jour, il passe une audition pour un rôle qui va lui ouvrir les portes de l’Odéon-théâtre de France où il va rester 7 ans.  

Ici, il joue avec les plus grands, notamment Daniel Sorano (interprète mythique de Cyrano de Bergerac mort en 1962). A Mfida, Ambroise Mbia conserve jalousement les vestiges de cette période dans une armoire fermée à clé. Ce sont des affiches sur verres qui annoncent les spectacles : « Le marchand de Venise », « L’oracle », « La vie parisienne »… Au cinéma, il a joué aux côtés de Jack Nicholson et Lino Ventura ; il a travaillé avec l’écrivain Nigérian Wole Soyinka, le cinéaste Sénégalais Sembène Ousmane et le metteur en scène burkinabé Jean-Pierre Guingané. Au total, Ambroise Mbia a pris une part active dans 15 films au cinéma, 30 films de télévision, 60 pièces de théâtre, 300 pièces du théâtre radiophonique.

Entre-temps, Ambroise Mbia s’est fait connaître en Afrique. En 1975, il est sollicité pour monter une pièce jouée au Congrès de la maturité de l’Union nationale camerounaise (Unc), à Douala du 10 au 15 février. En 1977, il est secrétaire général du 2ème Festival mondial des arts nègres à Lagos au Nigéria. Ambroise Mbia a été directeur adjoint de la cinématographie et directeur adjoint du patrimoine au ministère de la Culture, coordonnateur de l’Ensemble national et enseignant de diction à l’Ecole supérieur des sciences et techniques de l’information et de la communication (Esstic). Depuis 1998, il siège au conseil d’administration de la Crtv.

En mars 2012, pour son parcours reconnu à l’international, Ambroise Mbia a été élu par ses pairs président du conseil africain de l’Institut international du théâtre (Iit), créé en 1948 par l’Unesco pour développer les arts de la scène dans le monde. Une fonction qu’il cumule avec celle de président du conseil camerounais de l’Iit, poste qu’il occupe depuis 15 ans. Ambroise Mbia est par ailleurs expert pour le théâtre de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif).

Les Retic en quête de renaissance
En novembre 2012, Ambroise Mbia organise la 20ème édition des Rencontres théâtrales internationales du Cameroun. Le plus vieux festival de théâtre de la sous-région montre depuis quelques années des signes d’essoufflement. Le financement qu’il recevait de l’Etat s’amenuise au fil des années. Pour illustration, il est passé de 10 millions Fcfa en 2010 à 2 millions Fcfa en 2011. « Nous avons été soutenu, peut-être pas tout le temps, mais il faut comprendre que les organismes qui soutiennent ne sont pas des guichets automatiques et ont aussi beaucoup de sollicitations », dit-il, diplomate. Et pourtant, le souhait de son promoteur est que les Retic soient inscrits au budget de l’Etat, comme ce sera le cas dès l’année prochaine pour sept festivals signataires d’une convention avec le ministère des Arts et de la Culture. 

Comme les Retic, Ambroise Mbia a connu des hauts et des bas. Comme le théâtre camerounais dont il est l’un des symboles, il porte vaillamment ses grandeurs et ses misères. D’un regard dans le rétroviseur de sa vie, il gomme les ratés et garde les succès : « Mes 50 ans de carrière m’ont comblé parce qu’ils m’ont donné l’occasion de rencontrer des gens, des hommes de théâtre qui m’ont marqué, de partager et surtout de dire que le théâtre est un métier noble que je ne regrette pas d’avoir choisi. Je n’ai pas fait ce métier pour moi-même, j’ai essayé d’aider un maximum de personnes, j’ai tiré des leçons de mes échecs », dit le comédien qui a su soigner son entrée et sa sortie sur la scène. Avec lui, on a envie de dire en chœur : « qu’il est exaltant le métier de comédien ! Qu’il est beau le monde du théâtre ! »

Stéphanie Dongmo 

Festival : Et de 5 pour Images en live

La 5ème édition  du festival panafricain du film documentaire se tient à Yaoundé du 3 au 8 décembre 2013. Entrée libre et gratuite.

L'affiche d'une édition précédente
L’ouverture de cette édition est prévue à 19h30 à l’Institut français de Yaoundé ce mardi 3 décembre. Au programme, des allocutions et la projection des films d’ouverture : « Gishwati : le dilemme rwandais » de Hubert Atangana et Emmanuel Munyakuburuzi, et « Case d’or » de André Bang. La soirée s’achève sur des échanges avec les réalisateurs.

D’après le dossier de presse de cet évènement, le genre documentaire n’existe presque pas au Cameroun. Or, notre pays a pourtant besoin d’un regard endogène sur les réalités qui l’entourent. Les œuvres documentaires présentes à ce festival ont le mérite d’exprimer des réalités concrètes en amenant la réflexion au sein de la population et en élargissant leur champ d’interrogation.

Pour cette édition 2013, plusieurs dizaines de projections seront organisées à l’Institut français de Yaoundé les 3, 4 et 5 décembre à partir de 17h30 et à l’Institut Goethe les 6, 7 et 8 décembre, toujours à partir de 17h30. Il est aussi prévu des projections itinérantes et en plein air dans les quartiers de Yaoundé, dont le programme sera communiqué ultérieurement.

Huit réalisateurs sont présents à Yaoundé, 30 films documentaires seront diffusés avec la participation de la France et de 10 pays africains. Images en live est organisé par l’association Africadoc Cameroun.

Stéphanie Dongmo 

Cinéma: Le Fonds francophone aide 17 projets télé

Dix-sept projets de fictions ou de documentaires ont été retenus par la commission " Télévision " du Fonds francophone de production audiovisuelle du Sud réunie en novembre 2013 à Paris.  Treize projets bénéficient d'une aide à la production (huit documentaires unitaires, deux séries documentaires, deux séries de fiction et un téléfilm) et quatre autres (une série de fiction et trois documentaires), d'une aide à la finition. Le montant total attribué s'élève à 300 000 euros, soit environ 196,5 millions de Fcfa. Liste des projets ci-dessous.

Une scène du film "Koukan Kourcia" de Sani Magori qui bénéficie d'une aide.
AIDES A LA PRODUCTION

Nelson et Madison
d’un collectif de réalisateurs (Bénin)
Série fiction - 40 x 6'
Production : Royal Links (Bénin)
15.000 €
Le refuge
de Cyrille Masso (Cameroun)
Série fiction - 10 x 26'
Production : Malo Pictures (Cameroun)
30 000 €

Linas
de Michael Kamuanga (RDC)
Téléfilm - 90'
Production : 2 PG Pictures
25.000 €

One dollar
de Lida Chan, Roeun Mareth et Ngoeum Phally (Cambodge)
Webdocumentaire et série documentaire - 7 x 7'
Production : Bophana (Cambodge)
17.500 €

Vues d’Afrique
d’un collectif de réalisateurs
Série documentaire - 6 x 26'
Production : Les films du Siècle (Togo)
20.000 €

Ceux qui amènent la tempête
de Guillaume Suon (Cambodge)
Documentaire, 80’
Production : Bophana (Cambodge)
30.000 €

 Les tisseurs de rêve
de Harrikrisna Anenden (Maurice)
Documentaire, 52'
Production : Cine Qua Non (Maurice)
15.000 €

  
Tisseuses de rêve
de Ithri Irhoudane (Maroc)
Documentaire, 52'
Production : MPS (Maroc)
20.000 €

Koukan Kourcia 2 : les médiatrices
De El Hadj Sani Magori (Niger)
Documentaire, 90'
Production : Maggia Images
15.000 €

Ishyiaka
de Joseph Bitamba (Burundi)
Documentaire, 52'
Production : Iragi (Burundi)
30.000 €

Dernier combat
de Abba Kiari Arimi (Niger)
Documentaire, 52'
Production : Dangarama (Niger)
12.000 €

A quand le soleil ?
d’Awa Traoré (Mali)
Documentaire, 52'
Production : DS’ Productions (Mali)
10.000 €

La rue des sœurs noires
d’Aïcha Thiam (Sénégal)
Documentaire, 52'
Production : DS’ Productions (Mali)
15.000 €
 
  
AIDES A LA FINITION

Bambino
de Tahirou Tasséré Ouedraogo (Burkina Faso)
Série fiction 26 x 26'
Production : Bila Productions (Burkina Faso)
25 000 €
 
Une feuille dans le vent
De Jean-Marie Teno
Documentaire, 56’
Production : Raphia
7 500 €

Nègre blanc
De Cheikh N’Diaye (Mauritanie)
Documentaire, 52’
Production : Malo Pictures (Cameroun)
7 500 €

Yolande ou les blessures du silence
Léandre Alain Baker (Congo)
Documentaire, 52’
Production : Inzo Ya Bizizi (Congo)
7 500 €