mercredi 24 février 2016

Chronique: mariées et pourtant célibataires!


Mariées-célibataires. Connaissez-vous ce nouveau statut matrimonial ? Non ? Eh bien ce sont des personnes qui, bien que mariées traditionnellement, légalement et même religieusement, vivent seules leur vie de couple. Et comme souvent, les femmes sont les premières victimes de ce phénomène social.

Ces mariées-là vivent en célibataire. Leurs maris sont loin, très souvent à l’étranger. Certaines, faute de recevoir des nouvelles, ne savent pas s’ils sont morts, disparus ou encore vivants. Les plus chanceuses reçoivent régulièrement des nouvelles et aussi de l’argent pour faire tourner le foyer. Ces hommes sont revenus au pays, ont épousé des femmes qu’ils ont laissées derrière eux en partant, vers des destinations que les épouses sont rarement invitées à visiter.

Certains reviennent une fois tous les deux ans pour une petite visite. Le temps de voir le petit dernier né après leur départ et de laisser une preuve tangible de leur passage, qui naîtra neuf mois plus tard. Pour d’autres, le retour s’opère une fois tous les cinq-dix ans. D’autres encore finissent par se marier à nouveau à l’étranger et forment ainsi des familles dont ils deviennent plus proches, distance oblige.

Pour identifier une femme mariée-célibataire, ce n’est pas difficile. Elles sont de toutes les fêtes, ne refusent jamais une sortie, voyagent quand elles veulent et passent autant de temps qu’elles le souhaitent à l’extérieur. On peut aussi distinguer une mariée-célibataire par son visage marqué par l’amertume, l’angoisse et les frustrations liées à la solitude, les soucis familiaux qu’elle doit porter seule, les enfants auprès desquels elle doit jouer le rôle du père et de la mère. Sous le vernis du sourire, on peut remarquer la fragilité, la fêlure, l’intime douleur.

Car la vie d’une mariée-célibataire se résume à une longue attente. Attendre le mari qui arrivera cette année, peut-être l’année prochaine ou l’année d’après, attendre qu’il veuille bien se souvenir de sa femme et de ses enfants, attendre le jour où il aura les moyens ou simplement la volonté d’engager une procédure de regroupement familial, attendre le retour définitif du mari qui, d’année en année, jure ses grands dieux qu’il rentrera définitivement s’installer au pays.

Quelques-uns finissent par le faire. Pour former, avec des femmes restées trop longtemps seules, des couples qui ne se connaissent plus, ne s’aiment plus, se sont éloignées sentimentalement et ne s’accordent plus sexuellement. Du jour au lendemain, la femme doit faire face aux contraintes du mariage, aux exigences d’un mari qui ne comprend pas la trop grande indépendance de son épouse. Le couple a alors trois choix : réapprendre à s’aimer, se supporter ou se séparer.

Certaines femmes, las d’attendre, vont oublier leur solitude dans les bras des hommes plus disponibles. Plus d’une s’est fait attraper la main dans le sac avec un ventre qui s’arrondit alors que le mari est absent depuis des années. Un flagrant délit d’adultère dont tout le quartier peut témoigner.


Mariée ou célibataire, à la fin, la femme concernée a du mal à savoir, étant en permanence en équilibre entre les deux. Personne n’aime étaler ses petites misères en public. Alors, les femmes souffrent en silence. En affichant crânement leurs alliances. Au moins un homme les a épousées, ce qui n’est déjà pas rien, la chanteuse Josey vous le confirmera !
Stéphanie Dongmo